Cinéma Le Diétrich et Abbaye de Ligugé

Argumentaire

 

 

 

L’art et son lieu.

Du Paléolithique récent à la fin de la période médiévale.

 

 

Organisateur du colloque : Philippe Grosos (MAPP)

Coordination scientifique : Éric Palazzo (CESCM), Cécile Voyer (CESCM), Philippe Mainterot (HeRMA), Mathilde Carrive (HeRMA)

Université de Poitiers

Date : Jeudi 17 octobre – dimanche 20 octobre 2024

 

 

 

L’art figuratif ne s’est pas toujours produit sur des toiles et des panneaux de bois, en deux dimensions et transportables. Du Paléolithique récent, où il apparaît en Europe de l’ouest il y a 40 000 ans, jusqu’à des époques dites historiques, il a pu être réalisé en des lieux le plus souvent clos, sur des surfaces tri-dimensionnelles, et comme telles indéplaçables. Tel est le cas de l’art pariétal des cavernes ornées, de l’art des pyramides en Égypte antique, mais également de l’art des églises à l’époque médiévale.

Bien qu’il faille d’emblée préciser, afin d’éviter tout esprit de confusion, qu’une grotte n’est pas une pyramide, laquelle n’est pas une église, et qu’Altamira ou Lascaux n’ont pu être nommés des « Chapelles Sixtine de la Préhistoire » que d’une façon fort analogique, ce qui ne l’est pas, analogique, c’est le fait qu’il est impossible de se rapporter à l’art des grottes, des pyramides ou des églises sans tenir compte du lieu où de telles œuvres sont produites. À chaque fois, en effet, le lieu en question semble bien porteur d’une charge symbolique forte, voire sacrée. Or, pour qui entend tenir compte de ces périodisations et en produire un savoir comparatif, un tel constat permet de dégager au moins trois axes majeurs d’études.

Le premier consiste à rappeler que, durant fort longtemps, une œuvre produite a pu se révéler indissociable de son lien de production. Entendons par là qu’une interprétation de l’œuvre qui ne prendrait pas en compte son lieu de réalisation risquerait d’être fort approximative. Mais dès lors jusqu’où convient-il de prendre au sérieux le lieu afin d’avoir rapport à l’œuvre d’art qui s’y trouve ? En annexe de cette question, apparaît celle de la conservation des œuvres hors de tels lieux, mais également celle de la conservation des lieux pour la visibilité des œuvres elles-mêmes.

Le deuxième axe d’étude qu’il est possible de mettre en évidence concerne la question de la charge symbolique que le lieu fait peser sur l’œuvre. Peut-on aller jusqu’à parler, dans tous les cas, de sacralité de l’œuvre, et d’une sacralité induite par le lieu ? Et comment dès lors ce concept se laisse-t-il approcher ? La question se pose d’autant plus qu’il est possible de remarquer que, pour chacune des périodes concernées, se pose l’étonnant problème (du moins au regard de notre conception actuelle de l’art) du rapport entre l’œuvre, le lieu et la mort. Il est en effet des cavernes ornées ayant recueillies des sépultures (comme en Dordogne, à Cussac, il y a -30 000 ans, ou dans l’abri du Cap Blanc, vers -15 000 ans). Or les pyramides sont aussi le lieu des morts, et bien des saints et des évêques sont inhumés dans des églises, sans parler de la présence de reliques.

Quant au troisième axe d’étude, c’est celui des motifs même de la représentation. Trois motifs sont communs, même s’ils sont différemment distribués selon les périodes : l’animal, dominant au Paléolithique, l’humain, omniprésent à partir du processus de néolithisation, mais également le théranthrope, lequel est discrètement présent dès le Paléolithique récent, plus abondant lors du processus de néolithisation, notamment dans l’art rupestre saharien, avant de se retrouver en Égypte et même jusque dans l’iconographie religieuse chrétienne, par exemple dans l’iconographe russe de saint Christophe.

 

Le lieu, la sacralité et la mort, l’iconisme : tels sont les motifs thématiques que ce colloque international et interdisciplinaire se propose de mener à bien. Il a pour ambition d’interroger à nouveaux frais l’articulation traditionnellement reçue entre périodes préhistorique, protohistorique et historique.

 

Mais outre qu’il réunira des préhistoriens, des égyptologues, des historiens d’art et des philosophes, ce colloque est aussi et surtout – il convient de le souligner – coorganisé par l’association de trois laboratoires de l’université de Poitiers, le MAPP, HeRMA et le CESCM, et il est également soutenu par le département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie. Il nous semble qu’une telle interdisciplinarité, réellement fondée d’un point de vue disciplinaire, est fort rare. Elle engage notre UFR SHA sur la dynamique que nous souhaitons confirmer, celle d’une coordination de nos champs disciplinaires, tout en étant capable d’une ouverture à l’international.

 

 

programme du colloque ici