Presses Universitaires de Rennes, 2014

 

Ce volume est le premier ouvrage entièrement consacré à Clara, texte sans équivalent non seulement dans l’ensemble de la production de Schelling mais aussi dans l’histoire de l’idéalisme allemand. Il reprend en effet des questions héritées du Phédon : celle de la survivance de l’homme après la mort et celle de la relation entre le monde d’ici et le monde outre-tombe. C’est par ailleurs une œuvre qui raconte une histoire, celle d’une femme endeuillée que ses amis conduisent vers la sérénité grâce à un vrai dialogue : d’abord sombre et plaintive, elle se prend peu à peu au jeu de ce dialogue en lui donnant un tour vif et mélancolique. Sans doute Schelling fait-il revivre dans cette figure l’épouse qu’il vient de perdre quand il écrit ce texte, mais c’est aussi lui-même qui parle à travers elle, notamment touchant l’âme ainsi que le rapport de la vie ici-bas à la vie au-delà comme rapport d’attachement (Zusammenhang) : « l’âme n’est pas où elle est mais elle est où elle aime, et la nostalgie la plus vraie est bien celle que l’on éprouve pour l’autre vie ».

Les deux premières études s’occupent de replacer cette œuvre singulière dans la philosophie « en devenir » de Schelling afin d’en mesurer les principaux apports (Miklos Vetö et Philippe Grosos). Les deux études suivantes concentrent leur attention plutôt sur le tissu narratif de ce texte en vue d’analyser les détails qui font sens (Pascal David et Alexandra Roux). Deux autres études proposent une interprétation spéculative de l’œuvre qui en fait ressortir les thèses sous-jacentes entrant en résonance avec la tradition néo-platonicienne (Bernard Mabille) et certaines notions-clé de la théologie et de la psychanalyse (Virgil Ciomos). Les deux dernières études prennent, quant à elles, en vue une thématique précise afin de voir comment elle se trouve abordée dans le texte de Schelling : la personnalité (Élisabeth Grimmer), et l’immortalité (Philippe Soual).

Le lecteur retrouvera en outre dans ce volume la traduction française de Clara que l’on doit à Élisabeth Kessler, entièrement révisée par Pascal David et Alexandra Roux