Basé sur des études de psychologie et de sociologie du travail, ce livre soutient que nos démocraties ont mal, non à l’identité, mais au travail. Il inscrit les dernières mutations du travail dans une histoire des relations entre travail et vie. Non seulement notre force de travail et nos données biologiques sont utilisées comme sources de valeur, mais aussi notre existence même : données numériques, aspirations au mieux-être, émotions, relations sociales, loisirs, soins que nous recevons (domaine des professions les plus précarisées).
Le travail n’est pas une valeur incontestable, il ne doit pas, seul, conditionner le revenu, et sa définition, pas plus que celle de ses fonctions, n’est exempte de choix politiques. Le mal-être au travail, dû à l’urgence, au stress ou à la réorganisation constante, ne peut être atténué que par une rupture avec le nouveau management, une réflexion sur la démocratie au travail, et surtout, une reconquête du temps de bien travailler – qui a tant manqué aux soignants pendant la pandémie. Ce qui n’implique aucun allongement du temps de travail (en fin de semaine ou avant la retraite), mais une redéfinition de la place prise dans nos vies par le triptyque travail-production-consommation, en considération de nos besoins, des inégalités de richesses, et de la préservation du vivant.