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Les récentes grandes manifestations populaires, l’importance extraordinaire acquise par les réseaux sociaux, l’attrait renouvelé exercé par les théories conspirationnistes, ainsi que les phénomènes dits « populistes » ont remis à l’ordre du jour la notion de « masse ». Depuis son émergence au début de la modernité capitaliste, le concept « masse » implique une certaine conception réactionnaire de l’action collective, où la capacité de jugement de l’individu est éclipsée au profit d’un comportement irrationnel. Cette représentation avait déjà gagné une effrayante réalité lors de la première guerre mondiale et, surtout, lors de la montée du fascisme en Europe, où l’individu affaibli par l’atomisation sociale a semblé succomber à une masse tyrannisée. En revanche, pendant les deux-cent dernières années, la participation de l’individu à des entités collectives, que ce soit la « masse », la « multitude » ou le « peuple », a été aussi l’objet d’espoirs révolutionnaires d’émancipation. Il est alors pertinent de se demander : est-il possible de parler de « masse » sans retomber dans une condamnation sans réserve de l’action collective ni, au contraire, dans une pure exaltation de la foule ? Des ouvriers des usines aux « masses petites-bourgeoises », trouve-t-on des modalités d’organisation propres dans la constitution de leur subjectivation politique ? Par quels moyens et selon quelles perspectives les œuvres artistiques représentent et transforment les liens entre masse et individu ? Comment la masse a-t-elle été successivement théorisée par les sciences sociales ? En quoi l’autonomie morale et psychique des individus se voit affectée par l’organisation capitaliste de la société ? Et que dire encore à propos du phénomène très récurrent de l’adhésion de masses à des théories du complot : les masses sont-elles la proie d’une pure et simple domination idéologique, ou est-ce qu’au contraire elles font par là-même la preuve d’une volonté de savoir qui échappe aux « élites » ?
En réunissant de jeunes chercheuses et chercheurs des sciences humaines et sociales, ce Junges Forum sera l’occasion de discuter les dimensions sociologiques, littéraires, philosophiques et psychanalytiques du rapport entre la « masse » et l’individu à partir des propositions faites par des auteurs de la tradition dialectique, notamment la théorie critique.