Dans la philosophie de Hegel, la vie joue un rôle central et diffus. Abordée dans la Philosophie de la nature, elle reparaît, de façon éminente, dans la Logique comme l’idée dans sa forme immédiate. Cette intégration de la vie dans la logique constitue à elle toute seule l’une des spécificités les plus controversées et les plus contestées de l’entreprise philosophique hégélienne. A-t-elle un sens ? Et si oui, comment ce sens s’articule-t-il avec la découverte fort déroutante de Kant selon laquelle la vie est un concept de la faculté de juger réfléchissante ?

Mais de vie, il est question aussi dans l’Esthétique et dans la philosophie de la religion : La vie est le lieu et l’objet d’élaboration d’un nombre important de thèmes religieux et artistiques. Le symbolisme indien a célébré la vie d’une façon définitive, la religion égyptienne a consacré l’idée d’une immortalité de l’âme. La vie y est chargée de sens, et peut-être même l’effet d’une productivité sémantique de ce qui fait sens, du symbole entendu dans le sens fort comme ce qui produit par son être ce qu’il signifie.

Enfin, la vie constitue l’un des grands enjeux du débat éthique et politique d’aujourd’hui, débat que l’on ne peut certainement pas séparer des débats plus techniques sur la nature de la vie et des sciences qui s’y penchent. La question se pose de savoir si les ressources de la philosophie hégélienne ou, plus généralement, de l’idéalisme allemand permettent d’alimenter ce débat d’une façon efficace ou décisive.

Bruno Haas